La réglementation anti-blanchiment de l’UE (AMLR) met en œuvre une interdiction de détenir plus de 10 000 € en espèces et des exigences d’identification pour les fournisseurs de services cryptographiques à partir de 2027. Malgré la panique virale, les règles AML de l’UE ciblent les échanges, pas les portefeuilles en auto-garde.
Le Tweet qui a déclenché la panique à l’échelle de l’Europe
(Source : X)
Un tweet du compte spécialisé en crypto Simply Bitcoin, publié le 9 novembre 2025, a suscité une attention massive après avoir affirmé que l’Union européenne aurait accepté d’interdire les paiements en espèces supérieurs à 10 000 € et d’exiger une identification pour chaque paiement en Bitcoin à partir de 2027. Le tweet laissait entendre une menace directe à la vie privée financière et comparait cette orientation politique à des restrictions sur la liberté personnelle, déclarant « Ils criminalisent la vie privée ». Le message est rapidement devenu viral, accumulant des milliers de partages, car les communautés crypto ont interprété cette annonce comme une menace existentielle à la souveraineté financière.
La réaction initiale a été viscérale. Beaucoup ont compris que cela signifiait que chaque transaction Bitcoin — y compris les transferts peer-to-peer entre portefeuilles privés — nécessiterait une identification approuvée par le gouvernement. Cette interprétation laissait penser que le cadre AML de l’UE éliminerait effectivement les transactions anonymes en cryptomonnaies, transformant Bitcoin d’un actif résistant à la censure en un système de paiement entièrement surveillé. Pour les défenseurs de la vie privée, cela représentait le pire scénario : un régime réglementaire qui dépouille les actifs numériques de leur proposition de valeur fondamentale.
Cependant, une clarification ultérieure de Simply Bitcoin a précisé que l’interdiction de détenir plus de 10 000 € en espèces fait bien partie des réglementations AML de l’UE, mais que les règles d’identification s’appliquent aux fournisseurs de services crypto plutôt qu’à chaque transfert en chaîne. Le compte a indiqué que la direction générale de la politique reste orientée vers un contrôle accru des mouvements financiers, tout en reconnaissant que le cadre initial pouvait avoir exagéré l’impact immédiat sur l’utilisation des portefeuilles personnels.
Patrick Hansen, directeur de la stratégie et de la politique de l’UE chez Circle, est intervenu pour corriger l’interprétation qui circulait en ligne. Hansen a affirmé que la réglementation connue sous le nom d’AMLR ne prohibe pas l’auto-garde ou les portefeuilles personnels. Il a répété ses explications précédentes, soulignant que la réglementation se concentre sur les fournisseurs qui gèrent les transferts pour le compte des utilisateurs. Sur X, Hansen a dénoncé la désinformation circulant parmi de grands comptes crypto, déclarant : « Encore une fois, beaucoup de grands comptes crypto prétendent que les règles AML à venir interdiront l’auto-garde ou les transactions crypto et Bitcoin anonymes dans l’UE. C’est faux. »
Ce que les réglementations AML de l’UE imposent réellement
La confusion autour de l’AML de l’UE provient de la confusion entre deux cadres réglementaires distincts : MiCA (Markets in Crypto-Assets) et AMLR (Anti-Money Laundering Regulation). MiCA, officiellement appelée Règlement (UE) 2023/1114, a été adoptée le 31 mai 2023. Cette loi établit un ensemble unique de règles pour les entreprises émettant ou fournissant des services liés aux crypto-actifs dans toute l’Union européenne. Les prestataires doivent obtenir une licence pour opérer dans l’Union, créant un cadre juridique pour les marchés de la finance numérique.
Selon le Règlement (EU) 2023/1113, connu sous le nom de Règlement sur le transfert de fonds (TFR), qui s’applique aux fournisseurs de services de crypto-actifs (CASPs), ils doivent recueillir les informations sur l’expéditeur et le destinataire pour chaque transfert crypto. L’objectif est de lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme via les actifs numériques. Cette exigence concerne les échanges, courtiers et portefeuilles custodiaux — pas les particuliers utilisant des solutions d’auto-garde.
Principales précisions de Patrick Hansen
Pas d’interdiction de l’auto-garde ou des transactions P2P : La réglementation ne limite pas les transferts peer-to-peer ni l’utilisation de portefeuilles privés
Portefeuilles matériels/logiciels exclus : Des fournisseurs comme Ledger et MetaMask restent hors du champ de conformité de l’AMLR
KYC standard pour les CASPs : Les échanges continueront de suivre les règles AML existantes établies par AMLD5 et MiCA
Limite de 10 000 € en espèces réelle : La réglementation plafonne les paiements en espèces physiques, mais les États membres peuvent adopter des seuils plus stricts
L’interdiction de détenir plus de 10 000 € en espèces concerne spécifiquement les transactions en monnaie physique, pas la cryptomonnaie. Ce seuil s’aligne avec les efforts européens plus larges pour lutter contre l’évasion fiscale et le financement illicite via de grosses transactions en liquide. Les États membres conservent le pouvoir d’imposer des limites encore plus basses — plusieurs pays, dont la France, l’Italie et l’Espagne, appliquent déjà des restrictions inférieures à 10 000 €.
Pour les actifs crypto, le cadre AML de l’UE impose des obligations aux intermédiaires, pas aux utilisateurs finaux. Lorsque vous envoyez du Bitcoin depuis votre portefeuille matériel Ledger vers un autre portefeuille privé, aucune identification n’est requise. En revanche, si vous utilisez Coinbase ou Kraken pour envoyer du Bitcoin, ces plateformes doivent collecter et vérifier votre identité, car elles agissent comme des fournisseurs de services de crypto-actifs sous la réglementation AML de l’UE. Cette distinction est cruciale : la réglementation cible les points de friction où la cryptomonnaie croise la finance traditionnelle, pas les transactions peer-to-peer qui se déroulent entièrement en chaîne.
Du FUD aux faits : comment la mobilisation a adouci les propositions
Le texte final de l’AMLR marque une victoire importante pour les groupes de défense de la crypto. Les premières versions proposaient des restrictions sévères, notamment une limite de 1 000 € pour les paiements en auto-garde et l’extension des obligations AML aux DAO, projets DeFi et plateformes NFT. Ces mesures ont été finalement supprimées après un engagement massif de l’industrie. Hansen a attribué cette évolution à « l’éducation et aux efforts de plaidoyer » qui ont permis d’obtenir un résultat équilibré, préservant le potentiel d’innovation de l’Europe tout en maintenant des garde-fous réglementaires.
La suppression de ces dispositions draconiennes montre la puissance d’une réponse coordonnée de l’industrie. Des organisations comme l’European Crypto Initiative, Blockchain for Europe, ainsi que des entreprises comme Circle, Coinbase et Kraken, ont soumis des notes de politique détaillées expliquant que des restrictions générales sur l’auto-garde seraient techniquement impossibles à faire respecter et économiquement contre-productives. Elles ont argumenté que les protocoles DeFi, étant basés sur du code décentralisé, n’ont pas d’entité centrale capable de réaliser des contrôles KYC, rendant la conformité impossible sans restructurer fondamentalement leur fonctionnement.
L’engagement a aussi souligné le risque d’innovation. Imposer des obligations AML aux développeurs de logiciels créant des applications de portefeuille aurait forcé ces derniers à devenir des intermédiaires financiers agréés, ce qui aurait tué le développement open-source dans le secteur crypto. En maintenant la distinction entre fournisseurs de services et fournisseurs technologiques, le cadre final de l’UE permet aux développeurs de portefeuilles de continuer à créer des outils sans assumer le fardeau de conformité des institutions financières.
Pour les utilisateurs européens de crypto, cette distinction est essentielle. L’AMLR cible les intermédiaires, pas les particuliers gérant leurs propres actifs. Cela signifie que les investisseurs peuvent continuer à utiliser librement des portefeuilles en auto-garde, tandis que les échanges doivent respecter des règles de conformité plus claires alignées sur MiCA et la règle de voyage du GAFI. La limite de 10 000 € en espèces offre une certitude plutôt qu’une ambiguïté.
Calendrier de mise en œuvre et tensions autour des stablecoins
L’AMLR attend l’approbation finale du Parlement européen avant d’entrer en vigueur en 2027. Par ailleurs, Hansen a mis en garde contre un autre problème imminent : le chevauchement réglementaire entre MiCA et la directive PSD2 (Payment Services Directive). Selon le directeur de la politique européenne de Circle, cela pourrait « doubler les coûts de conformité » pour les émetteurs de stablecoins en euros d’ici 2026. Hansen a qualifié cela de « faux pas réglementaire » pour l’UE, car des charges réglementaires excessives pourraient pousser l’innovation en stablecoins vers des juridictions plus favorables comme le Royaume-Uni ou la Suisse.
Ce doublement des exigences réglementaires découle de la classification des stablecoins par les régulateurs. Sous MiCA, les stablecoins sont considérés comme des jetons de monnaie électronique (EMTs) nécessitant une autorisation des autorités financières nationales. Cependant, si ces mêmes stablecoins sont utilisés pour des services de paiement, ils peuvent également déclencher les exigences de la PSD2, conçues pour les institutions de paiement traditionnelles. Ce chevauchement crée une situation où un même émetteur de stablecoin doit respecter deux cadres réglementaires distincts, doublant ainsi ses coûts opérationnels et sa complexité juridique.
Le calendrier de mise en œuvre pose des défis pour les régulateurs comme pour l’industrie. D’ici l’été 2027, tous les CASPs opérant dans l’UE devront avoir mis à jour leurs systèmes pour collecter, vérifier et rapporter les données de transaction selon les standards AMLR. Cela inclut l’intégration avec les unités nationales de renseignement financier, la tenue de pistes d’audit et la mise en œuvre de contrôles en temps réel contre les listes de sanctions. Pour les petites plateformes et exchanges régionaux, ces exigences pourraient être prohibitivement coûteuses, ce qui pourrait entraîner une consolidation du marché où seuls les acteurs majeurs et bien capitalisés survivraient.
Les critiques avertissent que cela marque une érosion de la vie privée financière en Europe, même si l’impact immédiat sur l’auto-garde reste limité. Une fois que l’infrastructure pour une surveillance complète des transactions sera en place, étendre sa portée ne nécessitera que des modifications législatives plutôt que de nouvelles capacités technologiques. La mise en place d’un système d’identification au niveau du fournisseur de services pourrait, à terme, s’étendre à toutes les transactions en cryptomonnaie dans les futures versions.
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Choc AML de l'UE : interdiction de 10 000 € en espèces et règles d'identification Bitcoin qui tuent la vie privée d'ici 2027
La réglementation anti-blanchiment de l’UE (AMLR) met en œuvre une interdiction de détenir plus de 10 000 € en espèces et des exigences d’identification pour les fournisseurs de services cryptographiques à partir de 2027. Malgré la panique virale, les règles AML de l’UE ciblent les échanges, pas les portefeuilles en auto-garde.
Le Tweet qui a déclenché la panique à l’échelle de l’Europe
(Source : X)
Un tweet du compte spécialisé en crypto Simply Bitcoin, publié le 9 novembre 2025, a suscité une attention massive après avoir affirmé que l’Union européenne aurait accepté d’interdire les paiements en espèces supérieurs à 10 000 € et d’exiger une identification pour chaque paiement en Bitcoin à partir de 2027. Le tweet laissait entendre une menace directe à la vie privée financière et comparait cette orientation politique à des restrictions sur la liberté personnelle, déclarant « Ils criminalisent la vie privée ». Le message est rapidement devenu viral, accumulant des milliers de partages, car les communautés crypto ont interprété cette annonce comme une menace existentielle à la souveraineté financière.
La réaction initiale a été viscérale. Beaucoup ont compris que cela signifiait que chaque transaction Bitcoin — y compris les transferts peer-to-peer entre portefeuilles privés — nécessiterait une identification approuvée par le gouvernement. Cette interprétation laissait penser que le cadre AML de l’UE éliminerait effectivement les transactions anonymes en cryptomonnaies, transformant Bitcoin d’un actif résistant à la censure en un système de paiement entièrement surveillé. Pour les défenseurs de la vie privée, cela représentait le pire scénario : un régime réglementaire qui dépouille les actifs numériques de leur proposition de valeur fondamentale.
Cependant, une clarification ultérieure de Simply Bitcoin a précisé que l’interdiction de détenir plus de 10 000 € en espèces fait bien partie des réglementations AML de l’UE, mais que les règles d’identification s’appliquent aux fournisseurs de services crypto plutôt qu’à chaque transfert en chaîne. Le compte a indiqué que la direction générale de la politique reste orientée vers un contrôle accru des mouvements financiers, tout en reconnaissant que le cadre initial pouvait avoir exagéré l’impact immédiat sur l’utilisation des portefeuilles personnels.
Patrick Hansen, directeur de la stratégie et de la politique de l’UE chez Circle, est intervenu pour corriger l’interprétation qui circulait en ligne. Hansen a affirmé que la réglementation connue sous le nom d’AMLR ne prohibe pas l’auto-garde ou les portefeuilles personnels. Il a répété ses explications précédentes, soulignant que la réglementation se concentre sur les fournisseurs qui gèrent les transferts pour le compte des utilisateurs. Sur X, Hansen a dénoncé la désinformation circulant parmi de grands comptes crypto, déclarant : « Encore une fois, beaucoup de grands comptes crypto prétendent que les règles AML à venir interdiront l’auto-garde ou les transactions crypto et Bitcoin anonymes dans l’UE. C’est faux. »
Ce que les réglementations AML de l’UE imposent réellement
La confusion autour de l’AML de l’UE provient de la confusion entre deux cadres réglementaires distincts : MiCA (Markets in Crypto-Assets) et AMLR (Anti-Money Laundering Regulation). MiCA, officiellement appelée Règlement (UE) 2023/1114, a été adoptée le 31 mai 2023. Cette loi établit un ensemble unique de règles pour les entreprises émettant ou fournissant des services liés aux crypto-actifs dans toute l’Union européenne. Les prestataires doivent obtenir une licence pour opérer dans l’Union, créant un cadre juridique pour les marchés de la finance numérique.
Selon le Règlement (EU) 2023/1113, connu sous le nom de Règlement sur le transfert de fonds (TFR), qui s’applique aux fournisseurs de services de crypto-actifs (CASPs), ils doivent recueillir les informations sur l’expéditeur et le destinataire pour chaque transfert crypto. L’objectif est de lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme via les actifs numériques. Cette exigence concerne les échanges, courtiers et portefeuilles custodiaux — pas les particuliers utilisant des solutions d’auto-garde.
Principales précisions de Patrick Hansen
Pas d’interdiction de l’auto-garde ou des transactions P2P : La réglementation ne limite pas les transferts peer-to-peer ni l’utilisation de portefeuilles privés
Portefeuilles matériels/logiciels exclus : Des fournisseurs comme Ledger et MetaMask restent hors du champ de conformité de l’AMLR
KYC standard pour les CASPs : Les échanges continueront de suivre les règles AML existantes établies par AMLD5 et MiCA
Limite de 10 000 € en espèces réelle : La réglementation plafonne les paiements en espèces physiques, mais les États membres peuvent adopter des seuils plus stricts
L’interdiction de détenir plus de 10 000 € en espèces concerne spécifiquement les transactions en monnaie physique, pas la cryptomonnaie. Ce seuil s’aligne avec les efforts européens plus larges pour lutter contre l’évasion fiscale et le financement illicite via de grosses transactions en liquide. Les États membres conservent le pouvoir d’imposer des limites encore plus basses — plusieurs pays, dont la France, l’Italie et l’Espagne, appliquent déjà des restrictions inférieures à 10 000 €.
Pour les actifs crypto, le cadre AML de l’UE impose des obligations aux intermédiaires, pas aux utilisateurs finaux. Lorsque vous envoyez du Bitcoin depuis votre portefeuille matériel Ledger vers un autre portefeuille privé, aucune identification n’est requise. En revanche, si vous utilisez Coinbase ou Kraken pour envoyer du Bitcoin, ces plateformes doivent collecter et vérifier votre identité, car elles agissent comme des fournisseurs de services de crypto-actifs sous la réglementation AML de l’UE. Cette distinction est cruciale : la réglementation cible les points de friction où la cryptomonnaie croise la finance traditionnelle, pas les transactions peer-to-peer qui se déroulent entièrement en chaîne.
Du FUD aux faits : comment la mobilisation a adouci les propositions
Le texte final de l’AMLR marque une victoire importante pour les groupes de défense de la crypto. Les premières versions proposaient des restrictions sévères, notamment une limite de 1 000 € pour les paiements en auto-garde et l’extension des obligations AML aux DAO, projets DeFi et plateformes NFT. Ces mesures ont été finalement supprimées après un engagement massif de l’industrie. Hansen a attribué cette évolution à « l’éducation et aux efforts de plaidoyer » qui ont permis d’obtenir un résultat équilibré, préservant le potentiel d’innovation de l’Europe tout en maintenant des garde-fous réglementaires.
La suppression de ces dispositions draconiennes montre la puissance d’une réponse coordonnée de l’industrie. Des organisations comme l’European Crypto Initiative, Blockchain for Europe, ainsi que des entreprises comme Circle, Coinbase et Kraken, ont soumis des notes de politique détaillées expliquant que des restrictions générales sur l’auto-garde seraient techniquement impossibles à faire respecter et économiquement contre-productives. Elles ont argumenté que les protocoles DeFi, étant basés sur du code décentralisé, n’ont pas d’entité centrale capable de réaliser des contrôles KYC, rendant la conformité impossible sans restructurer fondamentalement leur fonctionnement.
L’engagement a aussi souligné le risque d’innovation. Imposer des obligations AML aux développeurs de logiciels créant des applications de portefeuille aurait forcé ces derniers à devenir des intermédiaires financiers agréés, ce qui aurait tué le développement open-source dans le secteur crypto. En maintenant la distinction entre fournisseurs de services et fournisseurs technologiques, le cadre final de l’UE permet aux développeurs de portefeuilles de continuer à créer des outils sans assumer le fardeau de conformité des institutions financières.
Pour les utilisateurs européens de crypto, cette distinction est essentielle. L’AMLR cible les intermédiaires, pas les particuliers gérant leurs propres actifs. Cela signifie que les investisseurs peuvent continuer à utiliser librement des portefeuilles en auto-garde, tandis que les échanges doivent respecter des règles de conformité plus claires alignées sur MiCA et la règle de voyage du GAFI. La limite de 10 000 € en espèces offre une certitude plutôt qu’une ambiguïté.
Calendrier de mise en œuvre et tensions autour des stablecoins
L’AMLR attend l’approbation finale du Parlement européen avant d’entrer en vigueur en 2027. Par ailleurs, Hansen a mis en garde contre un autre problème imminent : le chevauchement réglementaire entre MiCA et la directive PSD2 (Payment Services Directive). Selon le directeur de la politique européenne de Circle, cela pourrait « doubler les coûts de conformité » pour les émetteurs de stablecoins en euros d’ici 2026. Hansen a qualifié cela de « faux pas réglementaire » pour l’UE, car des charges réglementaires excessives pourraient pousser l’innovation en stablecoins vers des juridictions plus favorables comme le Royaume-Uni ou la Suisse.
Ce doublement des exigences réglementaires découle de la classification des stablecoins par les régulateurs. Sous MiCA, les stablecoins sont considérés comme des jetons de monnaie électronique (EMTs) nécessitant une autorisation des autorités financières nationales. Cependant, si ces mêmes stablecoins sont utilisés pour des services de paiement, ils peuvent également déclencher les exigences de la PSD2, conçues pour les institutions de paiement traditionnelles. Ce chevauchement crée une situation où un même émetteur de stablecoin doit respecter deux cadres réglementaires distincts, doublant ainsi ses coûts opérationnels et sa complexité juridique.
Le calendrier de mise en œuvre pose des défis pour les régulateurs comme pour l’industrie. D’ici l’été 2027, tous les CASPs opérant dans l’UE devront avoir mis à jour leurs systèmes pour collecter, vérifier et rapporter les données de transaction selon les standards AMLR. Cela inclut l’intégration avec les unités nationales de renseignement financier, la tenue de pistes d’audit et la mise en œuvre de contrôles en temps réel contre les listes de sanctions. Pour les petites plateformes et exchanges régionaux, ces exigences pourraient être prohibitivement coûteuses, ce qui pourrait entraîner une consolidation du marché où seuls les acteurs majeurs et bien capitalisés survivraient.
Les critiques avertissent que cela marque une érosion de la vie privée financière en Europe, même si l’impact immédiat sur l’auto-garde reste limité. Une fois que l’infrastructure pour une surveillance complète des transactions sera en place, étendre sa portée ne nécessitera que des modifications législatives plutôt que de nouvelles capacités technologiques. La mise en place d’un système d’identification au niveau du fournisseur de services pourrait, à terme, s’étendre à toutes les transactions en cryptomonnaie dans les futures versions.